9.12.07

La gare Saint-Charles est finie...

Trouvé dans le Monde du 8.12.2007 par Michel Samson

Inaugurée lundi 10 décembre, après quelques années de retard et quelques copieux surcoûts, la nouvelle gare Saint-Charles va redessiner entièrement le quartier qu'elle occupe depuis le milieu du XIXe siècle. Esthétiquement d'abord : l'immense colonnade blanche qui soutient de l'extérieur la halle de l'architecte Jean-Marie Duthilleul apporte une nouvelle lumière à l'antique fond de gare à verrière.

L'intérieur respire mieux et, de l'extérieur, ces hautes colonnes relèvent le regard vers le ciel. L'agrandissement permet d'abord d'ajouter des fonctions au traditionnel accueil des trains : la gare routière est désormais attachée à la gare ferroviaire, et les accès au métro deviennent plus aisés. Mais les enjeux sont plus larges y compris pour la SNCF. Frédéric Bayon, le jeune chef du nouvel ensemble, explique que "le concept historique de gare est dépassé : la gare Saint-Charles doit, bien sûr, rester centre de transport, mais elle doit devenir centre de vie".
Sa galerie est donc équipée pour mieux accueillir les 25 000 voyageurs par jour - 50 000 en période de pointe -, mais elle a vocation à recevoir des gens qui ne viennent pas forcément prendre le train. "On pourra venir y boire un verre, manger dans différents restaurants, acheter un DVD ou des habits dans un des vingt-cinq kiosques", poursuit M. Bayon.
DES MILLIERS D'ÉTUDIANTS
La transformation de la gare Saint-Charles, posée sur une butte qui domine toute la ville, doit aussi lui permettre de se lier à un quartier en pleine transformation. Une poste et une pharmacie aideront à tisser un premier lien avec les gens qui vivent alentour. La couture devrait être plus solide avec la faculté Saint-Charles : la nouvelle halle qui abrite la gare routière et les commerces descend jusqu'à son entrée. Les milliers d'étudiants qui fréquentent l'établissement, comme ceux qui partent en car vers Aix, devraient s'approprier cet espace.
L'insertion de l'ensemble dans le quartier est du ressort de l'établissement public Euroméditerranée, maître d'oeuvre de la titanesque rénovation du secteur. François Jalinot, son directeur, explique que le réaménagement urbain et paysager des abords de la gare, dont la première étape est terminée, coûtera 6 millions d'euros : il a fallu repenser les accès pour les rendre praticables aux voitures et aux piétons, ce que l'étroitesse du haut de la colline Saint-Charles rendait difficile.
Ces abords ont donc été repris en tentant d'apaiser la circulation automobile, et en favorisant ce que M. Jalinot appelle "des modes de transports doux : c'est-à-dire des trottoirs élargis, des pistes cyclables et une protection des piétons par des arbres". La création d'une place et d'un parvis de gare, comme l'installation d'un éclairage adapté, devraient permettre la fréquentation tranquille, diurne et nocturne, d'une gare où les problèmes d'insécurité urbaine sont peu à peu maîtrisés.
Euroméditerranée inscrit cette rénovation dans un projet beaucoup plus large : tout l'espace autour de la gare et de la place d'Aix est en voie de réhabilitation. "Il s'agit, là aussi, d'apaiser l'entrée de ville", poursuit M. Jalinot. Une partie de cette rénovation est en cours, celle qui occupe le terrain descendant de la gare vers la place d'Aix. Sont en train de s'y installer des hôtels de différentes catégories, des résidences étudiantes ou un bâtiment universitaire consacré aux nouvelles technologies de l'information. Sur les cinquante ménages qui vivaient dans cette zone en état de grave délabrement, un tiers a été relogé dans le parc social, le reste s'est installé dans des résidences privées.
L'ASPECT D'UNE PROMENADE
Dans les cinq ans qui viennent, c'est la descente de la butte Saint-Charles vers le nord qui va subir les plus gros changements. Il s'agit d'abord de couper l'autoroute qui, actuellement, débouche sans amortissement au coeur de la cité. L'idée est de transformer son dernier tronçon en un boulevard qui ait l'aspect d'une promenade plus que d'une rocade bruyante. Et de faire de ses franchissements actuels, comme des délaissés qui les bordent, des artères en pente douce. Bref de "transformer l'ensemble en un nouveau quartier urbain", pour M. Jalinot.
Les commerces annoncés et les logements neufs promis, qu'ils relèvent du domaine social ou du privé, côtoieront alors de vieux immeubles marseillais, dont les façades méritent une sérieuse réfection, mais qui restent solides. Le plus difficile à imaginer reste le devenir des populations qui vivent et travaillent dans ces espaces, précisément parce qu'ils sont dégradés.
Michel Samson

1 commentaire:

Anonyme a dit…

On remarquera dans cette gare les faux arbres faits d'un vrai tronc de chêne élagué de ses petites branches avec des aiguilles de pin en plastique vissées dessus. Ces chimères sont criantes de vérité, au point de ressembler à des "arbres autocad": droits, pommelés et sans défaut. De vrais arbres ne pouvaient pas vivre sur un plancher béton, et c'est comme si les aménageurs avaient eu peur du vide qu'ils créaient avec cette grande halle pour aussitôt tenter de le combler et d'en brouiller la perception.